samedi 15 avril 2017

Qui dit quoi à qui ?

Quand j’étais instituteur, la chanson a toujours été au centre de la vie des différentes classes que j’ai eu la chance d’encadrer. Ce n’était pas chanter comme ça en passant. C’était avoir une véritable dynamique de chanson autour de l’apprentissage.

Déjà, quand j’étais stagiaire-étudiant en école normale, je me souviens avoir voulu faire mon stage de 6e année primaire (également « sixième » en France) dans une école traditionnelle alors que j’avais fait tous les autres stages dans des écoles en rénovation. Je voulais voir ce que c’était, sans oublier la chanson ! Je suis donc arrivé dans cette classe de l’Institut Saint-Jean Baptiste à Wavre où l’instituteur portait encore – on était en 1977 – le « cache-poussières », digne attribut du maître qui sait ! Il a été surpris quand je lui ai annoncé, en même temps qu’à ses élèves, que mon projet de stage était d’arriver à chanter tous ensemble et en rythme « La Tarentelle » d’Yves Duteil. Ces enfants n’avaient jamais chanté ensemble et l’entreprise n’était pas gagnée d’avance ! Je donnais donc mes leçons traditionnelles, dans le respect de ce que l’instituteur souhaitait, mais dès que j’avais une ou deux minutes à moi, je prenais ma guitare et on y allait « Vous avez appris la danse, danse, vous avez appris les pas, redonnez-moi la cadence, dence, et venez danser avec moi… ». À la fin du stage, tous les objectifs « matière » avaient été atteints… et en plus, ces enfants habitués à être « drillés » s’éclataient dans une belle interprétation collective de la Tarentelle. Toujours habillé de son cache-poussières, l’instit n’en revenait pas !

Devenu instituteur professionnel à mon tour, nous avons toujours chanté en classe. Quasiment tous les jours. C’était chaque fois un moment béni. Nous passions joyeusement du « Vieux Rampono » (chant traditionnel) à « Foutez-nous la paix » de Michel Fugain, en passant par « Il est interdit » ou « Le petit lapin » de Gaby Marchand… Vous ne connaissez pas ? Aucune importance. Mes élèves connaissaient et connaissent peut-être encore. Et on s’amusait bien.

On ne faisait pas que s’amuser. Chanter ensemble, c’est un travail progressif, collectif, inventif et instructif. Cela nous menait toujours plus loin, tant dans l’ambiance de la classe qu’au niveau des apprentissages : ceux-ci paraissaient plus légers, plus enchanteurs ! Nous avions aussi des récompenses : un jour, notre classe a participé à une émission de « Radio-Pirates » que la RTBF diffusait à l’époque tous les mercredis. Et nous avons pu chanter nos chansonnettes, dans la meilleure des humeurs !

Nous avons aussi participé, en 1989, avec les deux classes du Plateau Horizon (3e et 4e années), à l’émission de télévision « Nouba Nouba ». Celle-ci invitait chaque semaine deux écoles à venir chanter. La spécificité de notre prestation était que la chanson était entièrement créée par les enfants pour les paroles et par les deux instits, avec l’aide d’un parent, pour la musique. « Qui dit quoi à qui ? » reste un moment mémorable qui a permis de creuser les chemins de la communication. Je ne résiste par à la tentation de vous partager la vidéo de ce passage TV. La qualité technique est loin d’être au rendez-vous, mais l’ambiance y est. Et croyez-moi, derrière cette fête musicale télévisuelle, il y a des tas de moments uniques et intenses de partages musicaux qui font qu’une classe d’élèves atteint soudain une autre dimension.


NB : les plus avertis me reconnaîtront sur la photo !

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