jeudi 27 septembre 2007

Les signaux détournés (2)

On aura décidément tout vu. L’autre jour, avec mon automobile, je me promenais calmement le long de la Meuse, du côté de Wépion. J’avais dégusté quelques bonnes fraises et je voyais plutôt la vie en rose… enfin, en rouge, honneur aux fraises !

Soudain, devant moi, un panneau routier que je n’avais jamais vu ! Non, je ne rêvais pas : c’était bien un panneau d’obligation. Obligation de plonger avec sa voiture dans la Meuse ! J’étais éberlué ! J’avoue ne pas avoir respecté cette obligation nouvelle. Je me suis garé dans une de ces nouvelles aires pour pique-nique, vérifiant quand même que je ne risquais pas trop de me faire écraser par des chutes de rochers. Et je me suis approché de la berge. Il y avait là un amas de voitures, entassées les unes sur les autres ! Stupéfiant !

Quelque peu à l’écart, je vis un argousin de la plus belle espèce en train d’observer une nouvelle voiture qui venait de faire le grand plongeon. Je m’approchai et lui demandai à quoi rimait tout cela. Il me regarda d’un air encore plus étonné et me dit : « Mais cela ne rime à rien, mon petit père ! Nos députés ont simplement estimé qu’il y avait trop de voitures sales et qu’il était temps d’organiser un grand lavage. Alors, on lave gratis ! Le problème, c’est que cela a tellement de succès qu’on ne sait plus comment récupérer les voitures qui sont au fond. Enfin, comme leurs propriétaires y sont aussi, on n’a pas encore reçu de plaintes ! ».

Devant tant de bon sens, je suis retourné vers ma voiture, ai retiré quelques cailloux qui étaient tombés dessus ainsi qu’un sandwich aplati, suis remonté dedans en démarrant en douce, question de ne pas me faire remarquer par l’agent, et dès que je ne le vis plus dans mon rétroviseur, j’ai accéléré méchamment.

Car enfin, toute cette histoire est absurde : comme si l’eau polluée de la Meuse était capable de nettoyer quoi que ce soit !

mercredi 26 septembre 2007

Conscience professionnelle

FMG © 2007

J’entends souvent des plaintes selon lesquelles un des plus grands maux de nos entreprises serait la disparition de la conscience professionnelle. Les gens ne s’intéresseraient à leur boulot que parce qu’il leur fournit l’argent, peu ou prou, qui leur permet de vivre, plus ou moins bien. Fournir un service de qualité ne serait plus à l’ordre du jour.

Je n’oserais pas affirmer le contraire, pour la bonne et simple raison que je ne sais pas comment les gens vivent leur boulot. Je suis convaincu qu’il doit y en avoir pas mal qui s’en foutent du tiers comme du quart, mais je suis tout aussi convaincu qu’il y en a d’autres, sans doute plus même, pour qui il importe de se donner à fond dans leur travail, en exécutant celui-ci de la meilleure manière qui soit.

C’est sans doute une bonne chose, tant pour les entreprises, privées ou publiques, que pour les clients de celles-ci, individuels ou collectifs. Mais à vrai dire, je me demande si c’est toujours une bonne chose pour l’individu lui-même. Bien sûr, tant qu’il s’agit de bien faire son boulot, cela ne peut que lui être profitable. Le problème survient quand cette foutue conscience professionnelle pousse à faire un peu plus que bien faire son boulot. Inévitablement au détriment d’autres choses.

Comment expliquer que le premier dimanche matin que je passe chez moi depuis quatre semaines, enfin en week-end, j’ai la folle idée de dépouiller mon courrier électronique professionnel et la mauvaise surprise d’y trouver un message d’un collègue appelant à l’aide pour un travail qu’il aurait pu tout aussi bien faire lui-même ? Et, surtout, comment expliquer que je décide ni une ni deux de réaliser ce travail séance tenante, rien que pour satisfaire le client qui n’en demandait sans doute pas autant ?

Comment expliquer ma réaction, il y a une dizaine d’années, lorsque, étant en mission au Vietnam, j’ai commencé à ressentir une douleur importante dans le pli du genou accompagnée d’un gonflement de la jambe. Moi qui avais déjà fait, à la même jambe, une thrombophlébite quelques années auparavant, il ne fallait pas me faire un dessin pour savoir ce que j’avais ni ce que je risquais. Mais voilà, à l’époque, cette mission était importante pour mon entreprise. Alors, j’ai continué à la réaliser, en limitant au mieux – sans doute au pire – les quelques mouvements que j’avais à faire pour aller travailler. J’ai fait toute la mission. J’ai pris l’avion du retour, alors que je savais bien que mon mal s’appelait le « syndrome de la classe économique ». J’ai juste demandé à ma tendre et chère de me prendre un rendez-vous chez le médecin dès mon retour… et j’ai abouti – bien sûr – à l’hôpital pour soigner cette veine folle. Je m’en suis sorti – sans doute aussi une question de veine -, mais avec le recul, quelle folie !

Des exemples comme ça, j’en ai d’autres. Il faut être fou. Je m’apprête à partir à Beyrouth, où on ne peut pas dire que tout soit calme, et puis à Batna, en Algérie, où une bombe humaine a fait des ravages il y a peu. Pourquoi ? Parce que mon travail me conduit à aller là-bas. Et que j’ai envie de faire mon travail convenablement.

Conscience professionnelle. Oui, sans doute. Mais n’est-ce pas aussi la science d’être con ? Sans doute aussi. En attendant, je suis comme ça !

mardi 18 septembre 2007

La quatrième voie

Par les temps qui courent, rejoindre le cœur des grandes villes en début de journée est la plupart du temps un chemin de croix. Ça n’avance pas, et on est juste bon à se croiser les bras !

Lorsqu’il faut être à l’heure à un endroit bien délimité, il faut se lever très tôt et espérer que tout ne sera pas entièrement coincé. C’est encore plus vrai les jours de pluie, comme c’était le cas aujourd’hui. Bref, c’est une solution, mais sa probabilité de réussite est relativement faible.

Depuis quelques années, j’en ai découvert une autre : la moto. Que les choses soient claires : je ne suis pas un vrai motard. Juste l’utilisateur ponctuel d’un petit scooter 125 cm3, qui me rend de fiers services !

Ce matin, parcourant les 20 derniers kilomètres de la E411 pour me rendre à Bruxelles, dans des conditions de pluie épouvantables, j’ai senti une grande joie… en utilisant la quatrième voie.

La quatrième voie est l’espace laissé par les automobilistes entre la deuxième et la troisième bandes de circulation. Surtout ceux qui roulent sur la troisième bande. Celle de gauche. Et pour être à gauche, ils se mettent à gauche. Tout à fait. Ils laissent ainsi quasiment la moitié de la bande disponible pour les motos qui peuvent dès lors avancer à une vitesse relativement bonne.

C’est très dangereux, car il peut toujours y avoir un automobiliste distrait ou ignorant la règle. Surtout ceux qui déboîtent de la deuxième bande pour aller sur la troisième, sans regarder leur rétroviseur. Il faut donc à tout instant être prêt à réagir. C’est dangereux, et cela demande une concentration intense.

Mais c’est formidable de voir tous ces automobilistes, coincés dans leur véhicule, qui se positionnent clairement à gauche pour laisser la place libre aux motards. Il se trouve bien sûr toujours l’un ou l’autre qui ignore le principe et reste planté en plein milieu de la bande. C’est vrai, il y en a. Mais ils sont rares. Rien n’oblige les gens à se mettre autant à gauche. Ce n’est en fait qu’une marque de savoir-vivre. Ils n’y gagnent rien, si ce n’est de permettre à d’autres, qui ont fait un autre choix qu’eux, de se déplacer plus rapidement et surtout plus sûrement. Merci.

lundi 17 septembre 2007

Ça ne fait rien, mais…

Ça ne fait rien, mais
Quand un avion tombe,
Même si l'on n'est pas dedans,
C'est un peu sur vous qu'il retombe,
Et même mort il fait une ombre
Plus sombre que celle d'avant.

Dimanche matin, pendant que j’atterrissais à l’aéroport Charles-de-Gaulle, à Paris, à bord d’un avion aux couleurs bordeaux et blanc d’Air Madagascar, bien loin, à Phuket, en Thaïlande, un autre avion, aux mêmes couleurs, s’écrasait au sol. 89 morts, 41 survivants.

Comme sans doute tout le monde, à chaque décollage et à chaque atterrissage, j’ai – le temps d’un instant – une angoisse… c’est peut-être la dernière fois.

L’avion est le moyen de transport le plus sûr… mais il y a des avions qui tombent. Et quand ils tombent, on ne sait pas faire grand chose. Juste espérer.

Ce soir, en rentrant de Bruxelles en moto par temps humide, j’avais bien conscience d’être bien plus en danger. Avec cependant l’illusion que s’il se passait quelque chose, je pourrais exercer un certain contrôle. Je sais bien que ce n’est qu’une illusion. Le danger est réel. Plus que lorsque je monte dans un avion. Et pourtant…

Ça ne fait rien, mais
Quand un avion tombe,
Même si l'on n'est pas dedans,
C'est un peu sur vous qu'il retombe,
Et même mort il fait une ombre
Plus sombre que celle d'avant.

Georges Chelon, 1969

vendredi 14 septembre 2007

Les signaux détournés (1)

Après de longs palabres, le gouvernement s’est enfin décidé : dans un souci d’économie et de rentabilisation des espaces publics, les aires de possibles chutes de pierres seront désormais transformées en aires de pique-niques.

L’origine de cette décision qui marquera les esprits est qu’il survient bien moins de chutes de pierres que d’utilisations des aires de pique-niques. À tel point que nos routes sont confrontées à une grande pénurie de tables permettant à tout un chacun de pique-niquer à l’aise dans des conditions confortables. Or, les statistiques ont montré que le pique-nique pris en cours de route est un des meilleurs moyens pour lutter contre la distraction et l’endormissement au volant, deux causes importantes d’accidents.

Bref, comme il y avait des espaces dégagés réservés aux chutes de pierres, mais que ces espaces étaient très peu utilisés, il a été décidé d’installer des tables à pique-nique dans ces espaces souvent situés dans un cadre exceptionnel. Pour prévenir toute critique, le gouvernement a également proposé un nouveau signal routier, qui présente en toute clarté les avantages de ces nouvelles aires de pique-niques.

Certains esprits chagrins ont bien posé la question de l’entretien de ces nouvelles aires : qui s’en chargera ? Il a finalement été proposé que les ambulances des régions concernées soient équipées d’un réservoir spécialement prévu pour réceptionner des sacs poubelles aplatis. À chaque intervention sur les lieux, les ambulanciers seront chargés de jeter dans le réservoir les sacs qui resteraient visibles sur le lieu-dit.

Personne ne semble s’être posé la vraie question : pourquoi prendre une telle décision à l’aube de l’automne, alors qu’on sait bien que le taux de pique-niques chute – c’est le cas de le dire – drastiquement à partir de la mi-septembre ? Ne serait-ce qu’un effet d’annonce, une fois de plus ?

lundi 10 septembre 2007

La mémoire collective des chemins rocailleux

FMG © 2007

Il est de ces moments où l’on se sent plongé, voire plonger, dans une autre vie, une vie d’antan ou de jadis, sans qu’on puisse y faire quoi que ce soit. Ces instants désarçonnants, mais intenses, sont parfois liés à la mémoire d’une configuration de temps et de lieu qui se représente dans un autre temps et un autre lieu, mais avec la même structure.

J’ai vécu une telle sensation lors de mon bref passage à Moroni, capitale des Comores. L’île de Ngazidja est liée à son volcan qui, de loin en loin, se rappelle périodiquement à ses habitants. On dit que la lave ne repasse jamais au même endroit. J’ai habité dans ce qu’on appelle là « La coulée » ou « Le Sahara », allusion à l’éruption qui un jour a tout dévasté sur son passage ne laissant qu’un désert de pierres de lave. Celle-ci ne repasse jamais, dit-on, au même endroit. Et l’homme a repris le terrain à la lave. Il y a construit ses maisons, parfois somptueuses, plus souvent bidonvillesques. Reliant ces maisons, des chemins faits de rocailles de volcan. Les routes des Comores sont criblées de trous… que dire de leurs chemins ?

Rentrant le soir d’être allés manger, nous remontions ce chemin dans le noir, sans trop bien savoir où nous allions. À chaque pas, le pied se posait doucement, prêt à s’adapter aux sillons de pierres et aux aspérités aléatoires. Il faisait chaud. Et nous étions bien ensemble, après une longue journée de travail.

Soudain, je n’étais plus à Moroni à remonter le chemin vers notre maison. J’étais plongé trente-cinq ans – un peu plus, un peu moins – en arrière, à Gratte. J’étais jeune. Nous avions passé une journée entière à travailler la pierre ardéchoise pour restaurer quelque peu ce village perdu sur le mauvais flanc de la colline. Nous avions passé du bon temps à manger, à boire, à chanter, à rire. Et nous étions en train de remonter le chemin qui nous reliait au reste du monde. Nous allions, dans l’obscurité, rejoindre une improbable folie : une fête votive, un bain de minuit… À chaque pas, il nous fallait déposer le pied avec prudence pour s’adapter aux sillons de pierres et aux aspérités aléatoires. Il faisait chaud. Et nous étions bien ensemble, après une longue journée de travail.

Je n’ai pas « pensé » à Gratte. Sans l’avoir voulu, sans aucune anticipation, je m’y suis retrouvé. Avec les sentiments et les sensations de mes 20 ans, et cette douce illusion de croire que tout est possible, que le monde est refait. Je remontais le chemin de l’espoir et du bonheur. Ces rocailles noires, de l’autre bout du monde, avaient reçu la mémoire des pierres rouges de cette Ardèche aimée. J’étais happé par elles. Tout était à nouveau possible, même si ma conscience savait désormais que refaire le monde ne sera jamais qu’une illusion perdue.

Pierre qui roule n’amasse pas mousse, pierre qui taille creuse la source, et pierre qui chemine ouvre la mémoire des rêves.

samedi 8 septembre 2007

Ce qu'il faut pour être heureux

Matisse (Le bonheur de vivre) © 1905-1906

Voici mon centième message sur ce blog. J’avoue qu’en l’ouvrant, il y a un peu moins de 9 mois, je n’aurais jamais pensé atteindre ce seuil symbolique. Je me demandais à l’époque ce que je pourrais bien apporter à l’immense toile, de rives en dérives. Je ne sais si j’ai pu produire quelques étincelles, mais en tout cas j’y ai pris plaisir.

Ce message 100 ne correspondra pas à 100% à ma situation concrète actuelle, mais il témoigne de mon état d’esprit, et c’est le plus important. Il ne sera pas non plus à 100% une production personnelle, puisque – une fois n’est pas coutume – je ferai appel au texte d’un autre. François-Marie Arouet, mon homonyme dont le patronyme me sert de pseudonyme sur l’encyclopédie Wikipédia. Il est d’ailleurs lui-même plus connu sous son pseudonyme : Voltaire. Je le savais libre d’esprit, mais je le croyais bien austère. Jusqu’au jour, cet été, où j’ai découvert ce texte « Ce qu’il faut pour être heureux ». Il y dit de bien belles et libres vérités, celles que moi aussi je souhaiterais dire. Alors, voilà :

Il faut penser ; sans quoi l'homme devient,
Malgré son âme, un vrai cheval de somme.
Il faut aimer ; c'est ce qui nous soutient ;
Sans rien aimer il est triste d'être homme.

Il faut avoir douce société,
Des gens savants, instruits, sans suffisance,
Et de plaisirs grande variété,
Sans quoi les jours sont plus longs qu'on ne pense.

Il faut avoir un ami, qu'en tout temps,
Pour son bonheur, on écoute, on consulte,
Qui puisse rendre à notre âme en tumulte,
Les maux moins vifs et les plaisirs plus grands.

Il faut, le soir, un souper délectable
Où l'on soit libre, où l'on goûte à propos,
Les mets exquis, les bons vins, les bons mots
Et sans être ivre, il faut sortir de table.

Il faut, la nuit, tenir entre deux draps
Le tendre objet que notre coeur adore,
Le caresser, s'endormir dans ses bras,
Et le matin, recommencer encore.

Voltaire, 1694-1778

dimanche 2 septembre 2007

Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse

Pour la deuxième fois depuis le début de l’année 2007, j’ai été victime du terrorisme international. À cause de celui-ci, il est interdit maintenant de transporter dans la cabine d’un avion tout récipient, à moins que celui-ci ne soit dans un plastique transparent et qu’il n’ait pas une capacité de plus de 100 ml.

La première fois, en revenant des USA, la KLM nous avait offert une petite maison contenant du genièvre. Mais il nous avait fallu changer d’avion pour arriver en Belgique, et au contrôle, cette petite bouteille avait été confisquée puisqu’elle ne figurait pas dans un plastique transparent !

Depuis lors, j’ai pris plusieurs fois l’avion, avec mon petit sac en plastique, et les quelques récipients dont j’ai besoin : dentifrice, déodorant, gel de douche et after-shave. Pour ces deux derniers, je transvase dans un autre récipient (m’étant déjà fait confisquer en 2006 un flacon de gel de douche, plus grand que 100 ml). La bouteille que j’utilise pour l’after-shave m’accompagne depuis au moins 5 ans. Elle n’a plus d’étiquette, a déjà contenu toutes sortes de marques différentes et je ne la remplis que par petites quantités.

Pour des raisons de liaisons aériennes, j’ai dû passer cette fois par l’aéroport de Marseille. J’en gardais un très mauvais souvenir : la dernière fois que j’y étais passé, on m’avait presque confisqué mon ordinateur sous prétexte que je n’avais pas le papier prouvant qu’il m’appartenait ! Mieux vaut en sourire, sauf à lire la suite !

Cette fois, je sors de mon sac l’ordinateur et le sac transparent avec les quelques récipients. En toute confiance. Mais voilà que la préposée regarde le sac, en sort le flacon d’after-shave, l’ausculte et me dit que cela ne va pas. Je lui dis que tout est en ordre, que j’ai d’ailleurs passé de nombreux contrôles avec ce flacon, et lui demande ce qui ne va pas. Elle me répond :
- Il n’y a pas d’étiquette !
- Oui, je sais, je l’ai enlevée. L’étiquette n’a pas d’importance.
- Mais je ne peux pas savoir si ce récipient est inférieur ou non à 100 ml !
- Vous voyez bien qu’il n’est pas supérieur… vous devez en voir beaucoup de récipients de moins de 100 ml !
- Oui, mais ce n’est pas marqué. Je ne peux pas laisser passer ça. C’est le règlement.

J’ai abandonné. Devant la stupidité, que voulez-vous faire ? J’aurais pu exiger de voir le règlement. Je suppose qu’il y est fait mention de récipients de maximum 100 ml, sans faire état du fait que la capacité du récipient doit être spécifiquement indiquée. J’aurais pu exiger de voir le supérieur de la cerbère, mais il aurait sans doute soutenu sa collègue. Bref, j’ai abandonné et j’ai vu le flacon valser à la poubelle, ce qui a fait le bonheur d’une boutique free-tax à laquelle j’ai racheté un flacon d’after-shave (non sans vérifier qu’il n’était pas supérieur à 100 ml et que c’était bien indiqué).

Avec le recul, j’en veux peut-être surtout aux instituteurs qui ont enseigné les mesures de capacité à cette charmante donzelle. Je suis quasi sûr qu’ils ne lui ont jamais demandé d’estimer la capacité de différents récipients. Elle a sans doute dû faire de nombreuses conversions entre ml, cl, l, dal, etc., exercices totalement inutiles. Mais apprendre à estimer une capacité, cela ne se fait que trop rarement. C’est d’ailleurs un savoir-faire très difficile. Tellement important pourtant. Surtout quand on est chargé de contrôler des récipients. Enfin, rassurez-vous, je ne vais pas en faire un plat. Juste un flacon.